AUSIRIS : un projet porteur du CISA pour les jeunes adultes autistes
Le CISA, CCTT d’innovation sociale en agriculture affilié au Cégep de Victoriaville, a lancé un projet porteur et novateur en lien avec les jeunes adultes présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Le projet de recherche-action vise à identifier les conditions favorables à leur insertion socioprofessionnelle dans le domaine de l’agroalimentaire. Pleins feux sur ce projet à l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme.
Le co-directeur du CISA et chercheur, Jean-David Martel, explique que le nom du projet AUSIRIS provient des mots autisme et Osiris, dieu égyptien inventeur de l’agriculture. « On voulait faire connaître le projet et aussi que les gens saisissent qu’on allait créer de l’ouverture, de l’inclusivité dans les milieux de travail et on voulait le faire avec une image », dit-il.
C’est un projet qui a émergé à l’initiative d’un enseignant en techniques d’éducation spécialisée du Cégep de Victoriaville, qui était sensible à la cause des jeunes adultes autistes, particulièrement quant à leur insertion sur le marché du travail et à l’enjeu du 21 ans : moment de transition entre l’école et la vie adulte. Le CISA a ensuite été interpellé pour entamer une démarche de cocréation avec deux enseignants du programme et des partenaires locaux et régionaux.
Un projet en collaboration avec la communauté et les jeunes autistes
Le projet se déroule à la manière des livings lab, avec une approche participative. « L’idée, c’est d’impliquer à la fois les jeunes adultes autistes et les intervenants des différents organismes dans le projet pour coconstruire avec eux une réponse adaptée à leurs besoins, pour qu’ils puissent aspirer à des emplois qui sont significatifs pour eux », souligne Jean-David Martel.
Il mentionne qu’il a été facile de mobiliser la communauté. « C’est une région où il y a une belle collaboration entre les acteurs socioéconomiques. Les gens ont tout de suite démontré un grand intérêt pour le projet et une grande part d’engagement ».
«La pénurie de main-d’œuvre est vécue de manière très large, c’est loin d’être récent dans l’industrie agroalimentaire. Nous n’avons pas l’ambition de répondre à ça, mais souhaitons explorer de nouvelles façons de faire. Il est intéressant d’avoir différentes expériences agroalimentaires proposés aux jeunes pour qu’ils puissent cheminer progressivement vers des possibilités d’emplois. Ça leur permet d’explorer les différentes facettes du milieu agroalimentaire.»
Avec les partenaires, l’idée commune était de coconceptualiser différents contextes et diverses réalités de production, pour voir de quelle manière des environnements de travail peuvent être adaptés pour les jeunes adultes autistes et quel type d’accompagnement peut être offert.
Le projet a ciblé 5 contextes agroalimentaires différents avec la volonté d’explorer comment les personnes autistes peuvent trouver, dans ces environnements de travail, une réponse à leurs besoins en termes d’expérience socioprofessionnelle.
- Agriculture en serre
- Agriculture en champs
- Commerce de détail alimentaire (épicerie ou marché d’alimentation)
- Centre jardin
- Ferme familiale
Huit jeunes adultes présentant un trouble du spectre de l’autisme réalisent présentement leur stage dans l’une des organisation partenaire du projet, notamment l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) du Cégep de Victoriaville, la Coopérative La Manne ainsi que le IGA Marché A. Desrochers de Warwick.
Des bienfaits pour les personnes présentant un TSA
Les personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme retirent plusieurs avantages de l’insertion en milieu de travail, a confirmé le projet. « Les environnements de travail déployés pour des personnes ayant des limitations, notamment les personnes autistes, sont beaucoup orientés vers le milieu manufacturier, c’est-à-dire des tâches d’usines, à la chaîne. En allant vers des expériences de travail en agroalimentaire, c’est certain que l’absence de routine fait partie du milieu, les tâches sont très diversifiées. Il peut y avoir des routines qui s’établissent sur certaines périodes, mais ça suit plutôt les séquences de travail reliées à la saison ou au cycle de production », explique Jean-David Martel.
«D’apprendre ainsi dans un endroit qui n’est pas sujet à routine fait en sorte de briser un peu la rigidité qu’ils ont dans leur façon d’interagir avec l’environnement.»
L’insertion en milieu de travail pour les personnes autistes est aussi bonne pour la construction de leur estime. « Pour un jeune qui a vécu des obstacles à intégrer la société, à s’impliquer socialement et à se définir une identité professionnelle, le fait de produire de la nourriture et de voir le fruit de son travail au fur et à mesure, c’est intéressant du point de vue de la valorisation, mais aussi par rapport à la définition d’une identité, d’un rôle dans la société. Je produis de la nourriture, je produis quelque chose qui a une valeur concrète pour les gens », mentionne le chercheur et co-directeur.
Également, Jean-David Martel note que la diversité des tâches dans les organisations et la variété de productions, notamment à l’Institut national d’agriculture biologique, permettent de développer tout un éventail d’habilités et de compétences pour les jeunes.
«Le fait de disposer d’un environnement comme celui de l’INAB, un environnement propice à la formation qui n’est pas soumis aux mêmes impératifs que certaines entreprises, est vraiment quelque chose d’intéressant. L’endroit permet un encadrement soutenu et il est adapté aux besoins socioprofessionnels des jeunes adultes autistes tout au long du projet!»
Prochaines étapes du projet
Le projet va bon train actuellement. La 2e phase était l’expérimentation des stages socioprofessionnels en agroalimentaire. Il y aura ensuite une phase intensive de cueillette de données sur les expériences vécues, sur les ateliers et sur les groupes de discussion avec les partenaires.
L’équipe du CISA travaille sur la production de capsules vidéo qui seront largement diffusées pour faire connaître le projet au cours des prochaines semaines. Il y aura également une baladodiffusion sur le projet qui est prévue pour 2024.
D’autres projets de CCTT liés au trouble du spectre de l’autisme
Les CCTT réalisent annuellement des milliers de projets qui répondent aux besoins de la société. Voici d’autres projets novateurs réalisés en lien avec les personnes présentant des troubles du spectre de l’autisme.
- Conception d’un vêtement de compression adapté pour des adolescents et de jeunes adultes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (2015-2016)
- Ce projet a été réalisé en collaboration par le CCTT en inclusion des personnes en situation de handicap, le CRISPESH, et le CCTT en habillement, Vestechpro. L’objectif était de concevoir des vêtements faciles à attacher et à détacher, solides, durables, confortables et sécuritaires. L’équipe devait aussi analyser la perception de la personne qui les porte, sa qualité de vie et son inclusion à sa communauté.
- Soutenir l’employeur dans l’inclusion professionnelle de personne vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme. Projet du CCTT en inclusion des personnes en situation de handicap, le CRISPESH.
- Améliorer les conditions de sommeil de l’enfant vivant avec un trouble du spectre de l’autisme grâce à un design réfléchi et personnalisé de sa chambre. Projet du CCTT en inclusion des personnes en situation de handicap, le CRISPESH.
Pour en savoir plus sur le CISA : https://reseaucctt.ca/centres/cisa
Pour en savoir plus sur le projet d'insertion socioprofessionnelle des jeunes adultes autistes :