Éloïse Lemaire : bâtir des ponts entre la science et les communautés de pêcheurs
Avec un parcours riche, une passion pour la recherche appliquée et une volonté inébranlable d’avoir un impact concret, Éloïse Lemaire, chercheuse chez Merinov, participe aux projets innovants au service des industries marines et des écosystèmes aquatiques.
Originaire de France, Éloïse a suivi un cheminement atypique qui l’a menée à la Gaspésie.
« Ce que je voulais, c’était que mes recherches aient une application directe, qu’elles répondent à des besoins réels et concrets, » explique-t-elle avec conviction.
Aujourd’hui, au sein de Merinov, elle contribue activement à des projets qui façonnent l’avenir de la pêche durable au Québec et au-delà.
Une vocation forgée par l’expérience
Éloïse commence son parcours à l’Université de La Rochelle, où elle obtient une licence en biologie marine, avant de poursuivre un master en écotoxicologie et écophysiologie marine à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris. Ces années d’études, jalonnées de stages au Québec et en Californie, lui permettent de confirmer sa passion pour l’environnement marin tout en découvrant les enjeux globaux liés aux écosystèmes aquatiques.
Ces expériences internationales, notamment ses recherches sur les microplastiques à l’Université de Californie à Riverside, éveillent chez elle une réflexion :
« Je ne voulais pas faire uniquement de la recherche fondamentale. J’avais besoin de voir des résultats tangibles, de travailler sur des projets qui améliorent directement la vie des gens et des communautés. »
Une arrivée marquante au Québec
En 2022, après avoir travaillé dans un centre national de la mer et une start-up spécialisée dans la digitalisation des processus liés à la pêche durable, Éloïse réalise son rêve de retourner au Québec en rejoignant Merinov. Dès son arrivée, elle se plonge dans des projets concrets avec les pêcheurs locaux.
« Ce que j’apprécie chez Merinov, c’est cette collaboration naturelle avec l’industrie et les pêcheurs. Quand je discute avec eux, je comprends leurs défis, leurs idées, et ensemble, nous cocréons des solutions. »
Éloïse souligne l’importance de bâtir des relations de confiance avec les communautés de pêcheurs. Pour elle, ce dialogue constant est la clé de l’adoption des innovations :
« Les pêcheurs sont des experts de leur milieu. Nos innovations doivent être en phase avec leurs réalités pour être acceptées et adoptées. »
Diversification des pêches : une voie d’avenir
En tant que responsable du centre d’expertise en diversification des pêches, Éloïse explore des avenues pour valoriser des espèces méconnues ou sous-utilisées. La diversification, selon elle, n’est pas seulement une réponse aux défis écologiques et économiques, mais une opportunité de réinventer les pratiques de l’industrie.
Elle évoque avec enthousiasme des projets portant sur des espèces peu connues comme la myxine ou d’autres espèces moins valorisées comme les plies canadiennes.
« Travailler sur ces espèces, c’est redonner une valeur à des ressources souvent ignorées, tout en réduisant la pression sur les espèces déjà très exploitées, comme le crabe ou le homard. »
Le « maillon faible » : une innovation prometteuse
Parmi les projets phares d’Éloïse figure le développement du « maillon faible », une technologie conçue pour réduire les impacts des engins de pêche sur les mammifères marins. Ce dispositif, créé en collaboration avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), des partenaires industriels et des pêcheurs, illustre parfaitement la philosophie de Merinov : innover pour résoudre des problèmes concrets.
« Ce projet est né d’une double nécessité : répondre aux exigences réglementaires sur la cohabitation avec les mammifères marins, et proposer une solution pratique, acceptable par et pour les pêcheurs, » explique-t-elle.
Le « maillon faible », testé par des pêcheurs gaspésiens, combine simplicité et efficacité : il s’intègre sans bouleverser les habitudes de pêche.
« Certains pêcheurs l’ont essayé et l’avantage est qu’il ne change pas leur habitude de pêche. Si le dispositif ne se déclenche pas, ils peuvent l’utiliser toute la saison sans intervention supplémentaire. »
Un modèle de collaboration
Éloïse insiste sur l’importance des partenariats dans le succès de ce projet. Outre les pêcheurs (Association des Crabiers Gaspésiens), des acteurs comme l’UQAR et des entreprises locales ont contribué au développement de cette technologie brevetée. « C’est cette collaboration qui fait la force de nos innovations. Chaque partie apporte son expertise, et ensemble, on trouve des solutions viables et durables. »
En reconnaissance de son potentiel, le « maillon faible » a été lauréat du concours Ocean Start-up Project et a bénéficié de divers soutiens financiers pour son développement. Éloïse espère que cette innovation pourra être testée à grande échelle, voire commercialisée dès 2026, ouvrant ainsi la voie à des pratiques de pêche plus respectueuses de l’environnement.
Une vision inspirante pour la recherche appliquée
Pour Éloïse, la recherche appliquée est une manière de transformer des constats scientifiques en actions concrètes. Son engagement envers la pêche durable et sa capacité à bâtir des ponts entre la science et l’industrie font d’elle un modèle pour les jeunes chercheur·euse·s.
Elle se réjouit de voir une nouvelle génération motivée par l’idée d’avoir un impact : « Aujourd’hui, on parle de ‘jobs à impact’. Il y a 10 ans, ce concept n’existait pas, mais j’ai toujours su que c’est ce que je voulais faire. Travailler chez Merinov me permet d’avoir cet impact au quotidien. »
Un futur à construire ensemble
En terminant l’entretien, Éloïse partage un message d’espoir : « Si vous êtes curieux, ouvert au changement et prêt à collaborer, il n’y a pas de limite à ce qu’on peut accomplir ensemble. »