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108 panneaux solaires ont été installés au Relais de la Cache. Crédit : Nergica

Gesgapegiag, un exemple en énergie renouvelable grâce à une collaboration avec Nergica

Shape 15 juin 2023

Comment réduire les gaz à effet de serre, tout en répondant à un besoin d’accueil touristique ? La communauté mi’gmaw de Gesgapegiag, en Gaspésie, s’est posé la question et a mis sur pied un important projet d’innovation de microréseau autonome avec la collaboration de l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador (IDDPNQL), de Ressources naturelles Canada et du CCTT Nergica. Le Relais de la Cache accueille désormais 108 panneaux solaires au lieu de deux génératrices au diesel polluantes et dispendieuses. Le CCTT en énergies renouvelables a présenté le projet lors du premier colloque du Réseau des CCTT au Congrès de l’Acfas en mai dernier.

Situé au 62e kilomètre de la route 299, dans le parc national de la Gaspésie loin du réseau électrique principal, le Relais de la Cache est un lieu fréquenté en hiver par les motoneigistes et en été par les pêcheurs. On y trouve une station-service, un restaurant et un centre d’hébergement. La communauté de Gesgapegiag, qui compte 1 100 personnes, est propriétaire de ce lieu depuis plus de 6 ans. Ce projet en énergies renouvelables fait de Gesgapegiag un modèle et une inspiration pour d’autres communautés autochtones.

Localisation du Relais de la Cache.
Localisation du Relais de la Cache. Crédit : Nergica

Le CCTT en énergies renouvelables Nergica a été sollicité pour collaborer sur divers aspects projets. Dans la première phase du projet, le CCTT a travaillé sur les études préliminaires, la conception, l’acquisition, l’installation et la mise en service. « C’est la communauté qui a géré le budget du projet. De notre côté nous avons donné du support pour les appels d’offres, pour les aspects techniques aussi. Au niveau décisionnel, on a proposé des matrices de décisions par rapport aux différentes technologies et fournisseurs », explique le chargé de projets recherche et innovation chez Nergica, Mauricio Higuita Cano.

C’est un très beau projet et une très belle collaboration avec la communauté de Gesgapegiag, on est très satisfaits de travailler ensemble!

Collaboration, défis et bonnes pratiques

Depuis le début, le travail se fait en collaboration avec la communauté de Gesgapegiag. Mauricio Higuita Cano souligne l’importance de comprendre le fonctionnement de la communauté autochtone lors des projets collaboratifs. « Les communautés sont des gouvernements et ils ont plusieurs projets en parallèle. À Gesgapegiag, le Relais de la Cache était l’une des priorités, mais il ne pouvait pas être la priorité numéro un par rapport, par exemple, à l’habitation ou aux soins de santé », mentionne-t-il.

Il faut faire preuve de respect, de transparence et d’écoute lors de projets collaboratifs.

Aussi, lors de la mise en service du parc, l’équipe a fait face à la pénurie de main-d’œuvre, notamment quant aux électriciens. « Il faut être résilient et regarder toutes les solutions possibles pour aller de l’avant avec le projet selon les échéanciers », dit-il. La pandémie de COVID-19 a aussi causé un ralentissement des opérations.

Tous les défis ont été affrontés en équipe, comme l’enjeu de l’efficacité énergétique qui est arrivé en début de projet. « L’objectif était de remplacer les génératrices au diesel, mais l’équipe a constaté qu’il y avait des pertes énergétiques importantes au niveau du bâtiment. Il a fallu faire des travaux d'amélioration de l’enveloppe thermique du bâtiment avant d’installer le système », rapporte M. Higuita Cano.

Tu peux installer des panneaux solaires, tu peux installer un bon système, mais si tu as des pertes énergétiques, tu jettes l’énergie. L‘enjeu a été contourné grâce à la contribution de la communauté qui a injecté des sommes non prévues pour améliorer l’infrastructure.

Mauricio Higuita Cano estime qu’il est important de prendre le temps de bâtir une relation de confiance, basée sur le respect. « Comme centre de recherche, on peut accompagner la communauté pour trouver les partenaires, les entrepreneurs, et donner les avantages et inconvénients des décisions avec transparence », dit-il.

C’est deux mondes, la dynamique des communautés autochtones versus celle des centres de recherche, qui ont des échéanciers, des budgets et des livrables… Mon conseil, c’est d’avoir des rencontres hebdomadaires avec les communautés, de les écouter et de les aider.

L’analyste, recherche et innovation chez Nergica, Charles-Olivier Jacques, souligne aussi l’importance de bien vulgariser tous les termes techniques lors des rencontres. « On propose des choix, mais on ne prend pas les décisions à leur place, donc la vulgarisation est importante. On veut qu'il y ait une bonne appropriation du projet de leur part », mentionne-t-il.

La suite

La phase 2 du projet au Relais de la Cache est commencée depuis quelques mois. Il s’agit de la phase de transfert des connaissances et d’assistance technique. L’objectif est de faire de la formation pour que l’opérationnalisation puisse se faire par la communauté de Gesgapegiag.

« On fait de l’analyse à distance, mais on veut que les personnes qui travaillent sur place soient aussi capables d’analyser les signes pour savoir si le réseau fonctionne bien ou pas. C’est aussi de savoir ce qu’est l’économie d’électricité qu’on veut faire, de surveiller sur place si les fenêtres sont ouvertes ou fermées en hiver, vérifier l’opération des génératrices en cas de panne ou de coupure. Bref, on veut que l’équipe sur place soit capable de trouver les problèmes par eux-mêmes et les régler », explique Charles-Olivier Jacques.

Il est également prévu d’inclure des stagiaires qui travailleront sur l’animation 3D du microréseau et qui, à terme, produiront une vidéo en trois langues (anglais, micmaque et français). La vidéo servira à la formation et au transfert de connaissance vers la communauté, les collèges et le grand public.

Le projet prévoit aussi que Nergica, en collaboration avec des membres de la communauté de Gesgapegiag, rende visite à d'autres communautés autochtones dotées de microréseaux autonomes. L'objectif sera de partager des expériences, des connaissances, des défis et des bonnes pratiques.

Par ailleurs, le centre d’innovation et de recherche appliquée serait bien heureux d’accompagner d’autres communautés qui ont des besoins en énergies renouvelables. « Il y a un beau potentiel pour nos services dans les communautés nordiques parce que là-bas, il y a beaucoup de réseaux isolés d'Hydro-Québec, des lieux avec des génératrices au diesel polluantes. Chez Nergica, on pourrait essayer de trouver des solutions alternatives d'énergies propres qui pourraient être rentables autant énergétiquement que financièrement, vu que c'est quand même pas mal de coûts d'amener autant de diesel aussi loin », conclut Charles-Olivier Jacques.

Ce projet a été rendu possible grâce à Ressources naturelles Canada (NRCAN), la communauté de Gesgapegiag, l’Institut de développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador (IDDPNQL) et Nergica.

Contact :

Erwan Berthaud, Chargé de projet, recherche et innovation
eberthaud@nergica.com T +1 418 368-6162


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