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Laëtitia Matrat et Andréane Morin-Simard, deux regards complices sur la recherche sensorielle appliquée

Shape 7 mai 2025

À travers leur complicité, leur rigueur et leur créativité, Laëtitia Matrat et Andréane Morin-Simard incarnent la mission d’ExperiSens, le CCTT de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) : faire évoluer l’accueil client et l’innovation sensorielle au sein de l’industrie touristique, en gardant l’humain au cœur de l’expérience. Rencontre avec deux professionnelles passionnées qui utilisent la recherche appliquée en véritable levier de transformation.

Deux parcours singuliers, une même volonté d’impact

Si leurs parcours sont très différents, Laëtitia et Andréane partagent un point commun : aucune d’elles ne se destinait a priori à la recherche appliquée.

Titulaire d’une maîtrise en arts visuels, Laëtitia Matrat a d’abord évolué dans les milieux artistiques et culturels. C’est sa plume — et sa capacité à traduire les idées en concepts clairs — qui l’a menée vers le rôle de chargée de projet chez ExperiSens, peu après la fondation du centre. 

« Les arts m’ont appris à comprendre le “pourquoi” derrière les choses. Cette capacité à faire du sens m’aide à connecter les besoins des partenaires avec ce que notre équipe peut offrir. »

De son côté, Andréane Morin-Simard arrive avec un riche bagage en psychologie, en études cinématographiques et en recherche universitaire. Après plusieurs années un laboratoire spécialisé en études du jeu vidéo, elle a exploré la recherche sur l’industrie de la création numérique dans le secteur public. Ce qui l’a séduite chez ExperiSens? 

« La possibilité d’allier la rigueur méthodologique à des projets concrets, porteurs de sens et d’émotions. »

Innover avec sens… et avec sens

Chez ExperiSens, le travail est profondément interdisciplinaire. En tant que chargée de projet, Laëtitia agit comme pont entre les chercheur·euses, les partenaires et les autres membres de l’équipe. Andréane, quant à elle, conçoit des outils de collecte, encadre les étudiant·es, participe à l’analyse de données et agit à titre de cochercheuse sur plusieurs mandats. 

« Nos forces sont différentes mais très complémentaires. On se soutient mutuellement, dans un climat de respect et de confiance. », explique Laëtitia.

C’est cette synergie qui leur permet de mener des projets innovants, parfois même inusités : développement de parfums d’ambiance pour des hôtels, création de jeux pour des personnes aînées, installation multisensorielle lors d’un souper thématique, etc.

Un projet particulièrement marquant : la création d’une visite muséale virtuelle destinée à des personnes vivant en résidence pour aîné·es. Réalisé en collaboration avec le CCEG, CCTT en gérontologie, et financé par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, ce projet allie technologie interactive, médiation culturelle et accessibilité. 

« Voir 50 personnes se rassembler autour d’un écran pour visiter un musée virtuellement, interagir avec les guides et vivre une expérience partagée… c’est un moment très fort », souligne Andréane. L’initiative a d’ailleurs donné envie aux partenaires d’aller plus loin et d’explorer de nouvelles formes d’interprétation culturelle.

Explorer les sens pour mieux accueillir

Chez ExperiSens, l’approche multisensorielle est centrale. Elle permet de concevoir des environnements d’accueil qui sollicitent la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût, dans une optique de bien-être et de mémorabilité. 

« L’accueil client, ce n’est pas seulement dire bonjour avec le sourire. C’est créer une ambiance, faire vivre une émotion, favoriser le souvenir », explique Laëtitia.

Cette sensibilité se reflète dans les projets comme dans l’équipe elle-même. 

« On aime dire qu’on est une équipe multisensorielle, parce qu’on vient toutes et tous d’horizons très différents », ajoute-t-elle. 

Cette diversité nourrit des discussions riches, parfois confrontantes, mais toujours constructives.

 

Innover dans un secteur en transformation

Le secteur touristique est en pleine mutation, confronté à plusieurs enjeux : pénurie de main-d’œuvre, transition écologique, attentes changeantes des clientèles. Pour Laëtitia et Andréane, la recherche appliquée a un rôle clé à jouer pour accompagner ces transformations.

Un des grands défis? Trouver l’équilibre entre technologie et présence humaine. 

« Nos partenaires se demandent jusqu’où aller avec la techno, sans déshumaniser l’expérience. La question de la découvrabilité des petites entreprises est aussi cruciale : si un attrait n’a pas les moyens de se rendre visible sur les moteurs de recherche, il reste invisible », souligne Laëtitia.

Andréane ajoute : 

« Il faut aussi composer avec les contraintes des petites équipes terrain. Certaines idées sont géniales, mais irréalisables faute de ressources humaines pour les mettre en œuvre. » 

D’où l’importance d’avoir des partenaires ouverts, curieux, et prêts à s’engager dans une démarche de recherche, même si elle demande du temps et des ajustements.

Une recherche au service du développement socio-économique

Derrière chaque projet mené par ExperiSens, il y a une ambition claire : soutenir les entreprises touristiques dans leur développement, et par ricochet, contribuer à la vitalité économique et sociale du Québec.

« Notre rôle, c’est d’aider nos partenaires à tester leurs intuitions, à objectiver leurs décisions. On transforme parfois une bonne idée en constat solide. Et parfois, on invalide une hypothèse, mais on ouvre la porte à autre chose », explique Laëtitia.

Pour Andréane, l’enjeu est aussi de créer des expériences qui marquent les visiteur·euses, les fidélisent et renforcent la réputation des attraits touristiques. 

« Quand on vit une expérience mémorable, on a envie de revenir. On a aussi envie d’en parler, que ce soit sur les réseaux sociaux ou auprès de son entourage, ce qui attire une nouvelle clientèle. »

 

Faire de la recherche, un espace d’audace

Ce qui anime Laëtitia et Andréane, c’est la possibilité d’explorer des projets atypiques, là où l’art, la culture, la technologie et l’émotion se croisent. 

« Plus c’est inattendu, plus c’est stimulant », résume Laëtitia. 

Et quand les résultats dépassent les attentes, c’est toute une communauté — résidents, touristes, travailleur·euses — qui en bénéficie.

Au final, leur travail illustre parfaitement la puissance de la recherche appliquée : faire le pont entre l’imagination et l’action, pour créer des milieux d’accueil à l’image de notre époque — sensibles, inclusifs, durables.

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