Les CCTT – un fleuron du Québec menacé
Fondés en 1984, par le réseau collégial, les Centres collégiaux de transfert de technologies et de pratiques sociales novatrices (CCTT) constituent un dispositif de centres d’innovation reconnus partout au pays. Complémentaires aux universités, les 59 centres situés partout au Québec comptent sur plus de 2400 expert·e·s faisant le pont entre la recherche fondamentale et l’innovation en industrie ainsi que dans les milieux preneurs, complétant ainsi le continuum de l’innovation dans tous les domaines industriels et socioéconomiques du Québec.
Chaque année, les CCTT réalisent plus de 11 000 projets auprès de 6 000 clients, principalement des PME et des organismes du milieu. Leurs activités rejoignent 17 000 étudiant·e·s, dont près de 900 sont reçu·e·s en stage rémunéré, ce qui leur permet d’acquérir une expérience pratique renforçant leur employabilité. Ancrés dans leurs domaines sectoriels et dans leur environnement, les CCTT sont de véritables moteurs économiques et des acteurs clés de développement durable dans leur région.
Collectivement, les CCTT autogénèrent 85% de leur chiffre d’affaires, un taux parmi les plus performants au monde. Le financement public dont ils bénéficient ne représente que 15% de leur chiffre d’affaires (25 M$ de financement public du Québec pour un chiffre d’affaires de plus de 170 M$) et n’a pas évolué au rythme des coûts inhérents.
Dès 2017, certains CCTT possédant des parcs imposants d’infrastructures et d’équipements ont sonné l’alarme : leur pérennité était mise en jeu. Depuis, des investissements ponctuels d’urgence ont tenté de freiner l’hémorragie. Cependant, aucun financement permanent et récurrent n’a été mis en place, laissant les CCTT dans une situation financière précaire et les forçant malheureusement à délaisser certaines clientèles ou certains projets moins rémunérateurs, malgré leur mission.
Près du tiers des CCTT ont terminé l’année 2022-2023 en situation de déficit. C’est trois fois plus qu’en 2020-2021. Plusieurs CCTT ont commencé à mettre à pied du personnel hautement qualifié, y compris des chercheur·e·s formé·e·s sur des années, et à ne pas remplacer les départs. D’autres ont réduit leur capacité d’accompagnement des jeunes entreprises et diminué le nombre d’étudiant·e·s accompagné·e·s, faute de financement.
Alors que le Québec est en récession technique et fait face à un ralentissement économique, de nombreuses entreprises pourraient profiter de ce moment pour investir dans leur productivité et leurs projets d’innovation, en préparation à la reprise économique. L’absence de réinvestissement pour le financement de base des CCTT dans le Budget 2024-2025 fait craindre le pire.
Une action d’urgence est requise pour sauver ce fleuron québécois!
Michel Lesage (PDG du Réseau des CCTT – Synchronex), Bernard Tremblay (PDG de la Fédération des cégeps), François Drouin (président du conseil d’administration du Réseau des CCTT – Synchronex et TRANSBIOTECH), Irina Kirchberg (ARTENSO), Marie-Pierre Dufresne (BIOPTERRE), Marie-Ève Bédard (CCEG), Janic Lauzon (CDCQ), Mylaine Côté et Julien Coll (CDRIN), Judith Gagné (CEDFOB), Sanaz Safa (CÉPROCQ), Marie-Christina Aon (CERASP), Julie Simard (CERFO), Normand Poniewiera (CETAB+), Dominic Tremblay (CGQ), Benoit Routhier (CIMEQ), Jean Lacroix (CINTECH), Pierre-Luc Gagnon (CIRADD), Jean-David Martel (CISA), Robert Poirier (CPA), Jean-Denis Martin (CRVI), Frédéric Parent (CTA), Édith Laflamme (CTEAU), Hassine Bouafif (CTRI), Claude Maheux-Picard (CTTÉI), Charles Varin (CYBERQUÉBEC), Nadine Arbour (ÉCOBES), Julie Côté (EXPERISENS), Olivier Vermeersh (GROUPE CTT), Chloé Bois (ICI), Sylvain Lafrance (INNOVATION MARITIME), Naoual Rahali (INNOVLOG), Bernard Lefrançois (INOVEM), Habib El-Hage (IRIPII), Zoraide Bentellis (ITEGA), Éric Sénéchal (ITMI), David Berthiaume (KEMITEK), Jimmy Paquet-Cormier (LLIO), David Courtemanche (MERINOV), Frédéric Côté (NERGICA), Maroun Massabki (OPTECH), Sébastien Houle (PRODUCTIQUE QUÉBEC), Papa Niokhor Diouf (SEREX), Édith Martin (TOPMED) et Paulette Kaci (VESTECHPRO).