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Les matériaux biosourcées permettraient de réduire les gaz à effet de serre.

Les matériaux de construction biosourcés pour lutter contre les gaz à effet de serre

Shape 16 mai 2023

On sait que le secteur de la construction est un moteur économique au Québec. On sait aussi qu’il est important de déployer des efforts pour diminuer nos gaz à effet de serre. Et si l’une des solutions était l’utilisation de matériaux biosourcés?

Le premier Salon de la construction biosourcée s’est tenu à Rivière-du-Loup le 25 avril. Des manufacturiers, distributeurs, professionnels de la construction et centres de recherche, dont 5 CCTT, étaient sur place pour échanger et mettre de l’avant des initiatives porteuses. C’est le Créneau écoconstruction du Bas-Saint-Laurent qui a organisé l’événement. La directrice, Mylène Joncas, définit d’abord ce qu’on entend par construction et matériaux biosourcés : « Quand on parle de construction biosourcée, on fait référence à un bâtiment qui est construit avec des matériaux biosourcés, donc qui est fait à partir de ressources renouvelables comme le bois, les sous-produits du bois, et tout ce qui est en émergence ».

Il y a un potentiel énorme avec nos ressources naturelles. On a des solutions super intéressantes en substitution à tout ce qui est issu de l'industrie pétrochimique et qui ne se renouvelle pas.

Mylène Joncas explique que l’utilisation de matériaux biosourcés est meilleure pour l’environnement puisque la fabrication des matériaux nécessite moins de transformation, d’utilisation d’énergie et de transport notamment. « On va toujours avoir besoin de se loger, de se protéger par un besoin essentiel, donc il faut trouver une façon de construire, de revenir aux sources avec ce qui est biosourcé justement, mais sans perdre en performance qu’on a gagnée avec ce qu’on a développé dans les autres industries », soutient-elle.

Pendant la phase d'utilisation du bâtiment, le matériau performe, il apporte un confort, il gère l’humidité et la température de l'air. C’est moins transformé, mais aussi à la fin de vie utile du matériau, c'est biodégradable. Donc on gagne des points sur toute la chaîne de vie.

Mylène Joncas est satisfaite du Salon, qui a permis un maillage entre les différentes organisations présentes. « Il y a des promoteurs immobiliers et des entreprises en construction qui ont vu un engouement et qui ont fortement l’intérêt de pousser ça. On a vu que le projet sucscite de l’enthousiasme, mais il faut que ce soit pris en charge par l’industrie. Faire parler les différents maillons de la chaîne ensemble, c’est important et c’est ça qu'on essaie de faire au Créneau, de sensibiliser tous les acteurs, de créer des événements et d’offrir des formations », soutient-elle.

Le CCTT en transformation des produits forestiers, le SEREX, est d’ailleurs l’un des partenaires au fonctionnement du Créneau écoconstruction. D’autres CCTT suivent l’organisme de près et participent aux événements, comme le CCTT en développement de bioproduits Biopterre, le CCTT en produits cellulosiques Innofibre, le CCTT en ébénisterie et meubles Inovem et le CCTT en chimie verte et mise à l'échelle de procédés Kemitek,

Selon la directrice du Créneau, les centres de recherche jouent un rôle important dans l’avancement des matériaux biosourcés. « C'est le transfert des connaissances qui est important. Ils testent des choses et après, font le lien avec le terrain. Au Créneau, on veut développer les secteurs, les entreprises pour qu’ils élèvent leurs pratiques, donc le lien est naturel de travailler avec les centres de recherche qui ont des installations qui permettent justement de repousser, de développer, de trouver, d'analyser puis finalement d'amener ces connaissances en entreprise », conclut-elle.

Conférence du SEREX d’Amqui

Conférence du SEREX au Salon de la construction biosourcée
Conférence du SEREX au Salon de la construction biosourcée


Durant la journée, la conférence Matériaux et systèmes constructifs bas carbone a été donnée par le consultant Patrick Dallain et la conseillère industrielle Claire Sirois, du CCTT en transformation des produits forestiers, le SEREX.

D’entrée de jeu, Claire Sirois a tenu à partager les résultats d’une étude récente de McKinsey, qui a identifié que le secteur bâtiment est responsable de 25% des gaz à effet de serre à l'échelle mondiale. Elle a souligné : « Au Québec, dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre, il y a tout ce qui concerne l'énergie nécessaire pour chauffer, ventiler, climatiser les bâtiments. Avec notre source d'énergie qui est propre, le défi est beaucoup plus orienté, si on veut atteindre nos cibles de réduction de gaz à effet de serre, au niveau du matériau. C’est donc important d'utiliser des matériaux qui vont avoir une empreinte moindre ».

Claire Sirois a expliqué les nombreux avantages de l’utilisation des matériaux biosourcés. D’abord, elle parle de la biophilie : l'effet positif du bois sur le bien-être est maintenant un fait avéré et démontré par de nombreuses recherches, soutient-elle. « ll y a des bienfaits concernant la réduction du stress, le bien-être, le la diminution de l'anxiété », énumère-t-elle.

Ensuite, elle rapporte que les matériaux biosourcés atteignent de bonnes performances énergétiques. « Si on pense aux isolants, ils ont une bonne gestion de l'humidité, ils ont de meilleures performances acoustiques, ils sont écologiques, durables et ils ont des caractéristiques qui vont permettre une meilleure absorption de la chaleur pour permettre une bonne énergie thermique », dit-elle.

Au niveau de l'analyse du cycle de vie, généralement, les matériaux biosourcés sont beaucoup plus performants. Quand on considère tous les avantages qu'on peut en retirer, je pense qu'il faut avoir une vision globale lorsque vient le temps de faire nos choix au moment de la construction.

Les freins aux matériaux biosourcés

Cependant, il y a bien sûr quelques freins à l’utilisation de matériaux biosourcés. Claire Sirois mentionne d’abord l’homologation des produits et l’endroit où se les procurer. « Il y a aussi encore des perceptions négatives qui sont associées à l'utilisation de ces matériaux. Comme le fait que le bois est un matériau qui va pourrir par exemple, ou qui peut brûler. Oui, ça peut brûler, quand on parle de bois massif, mais c'est un matériau qu’on connaît et qu’on sait comment il va réagir en situation de feu » dit-elle.

Elle ajoute qu’il y a la connaissance et le savoir-faire aussi, notamment, qui se sont perdus au fil des ans. Le bois est un matériau qui est vivant avec lequel il faut apprendre à travailler. Finalement, le prix peut aussi devenir un frein pour certains consommateurs.

Quand on parle de construction écologique, il y a souvent un surcoût qui est associé à ça. Mais ce n’est pas quelque chose qui est insurmontable. Il faut comprendre aussi que ces matériaux-là vont remplir plusieurs fonctions.

« Plus la demande va être présente, plus l’offre va répondre à cette demande et, éventuellement, un équilibre va se créer. », croit-elle. Au cours du salon, on a d’ailleurs entendu que le 15 % de surcoût pour une construction biosourcée tend à diminuer depuis les dernières années. Claire Sirois est persuadée que cette descente de prix va se poursuivre.

Finalement, la conseillère industrielle a tenu à rappeler l’importance d’être vigilant pour éviter l’écoblanchiment, plus communément connu sous le nom de greenwashing. « Certaines entreprises vont vendre des produits prétendant qu’ils sont vraiment verts et rares, ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut être capable de faire la part des choses et voir si les produits sont écologiques ou c'est juste une façon de les présenter pour en vendre davantage », mentionne-t-elle.

Initiative de recherches des CCTT en matière biosourcée

La présentation de Claire Sirois s’est poursuivie avec la présentation des projets et des produits réalisés par les CCTT présents sur place. En voici un résumé :

  • Kemitek, CCTT en chimie verte et mise à l'échelle de procédés, en collaboration avec le CCTT en technologie minérale et plasturgie, Coalia : ils développent une membrane avec des produits biosourcés. Le projet vise à remplacer les produits pétroliers par des matières premières biosourcées. Ils ont eu comme résultats plusieurs adhésifs biosourcés (toiture, fondation, etc)
  • Innofibre, CCTT en produits cellulosiques, développe des mousses isolantes biosourcées. Le produit est 100 % biosourcé, recyclable et sans fibre synthétique. Au plan de la résistance thermique, son facteur R se situe entre 3,4 et 3,8 par pouce et il y a un traitement anti-feu.
  • CCTT en développement de bioproduits, Biopterre : Un projet de recherche a permis de réaliser des caissettes pour faire pousser des plantes. Le récipient réagit bien et il y a même des propriétés pour favoriser la croissance des plantes qui s’y trouvent.
  • CCTT en ébénisterie et meubles Inovem : le CCTT, en collaboration avec le CCTT en électrochimie et technologies environnementales CNETE, a développé un concept de produits autodésinfectants, où il n’y a pas de développement de moisissure, ce qui amène la possibilité de nombreuses applications, par exemple en milieu hospitalier.
  • Le SEREX, CCTT en transformation des produits forestiers, a présenté plusieurs projets dont :
    • La valorisation des coproduits : le CCTT a caractérisé des résidus et en propose maintenant des produits à développer. Deux projets de recherches qui traitent de la valorisation des écorces et des cheveux de cèdre par le développement d’isolant thermique en vrac et sous forme de panneaux semi-rigides ont vu le jour.
    • Les « Écrans verts » : mandat pour réaliser une veille et des tests pour les murs antibruit autoroutiers. Le mandat a permis d’initier un projet pour développer un isolant acoustique à partir de tiges de saule. Un autre projet sur la caractérisation des tiges de saule en fonction des conditions climatiques a aussi été créé.
    • Les mycomatériaux : grâce à leur laboratoire de niveau 2, l’équipe du CCTT a pu mener des tests et conclure que les mycomatériaux élaborés présentent de bonnes propriétés isolantes comparables à plusieurs matériaux. Ils sont résistants au feu,ne dégagent que de faible quantité de chaleur totale et peu de fumée. Ils ont ainsi développé des panneaux qui ont des caractéristiques isolantes intéressantes et comparables à bien d’autres produits isolants sur le marché.
    • Et bien plus

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