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CCEG lagisme cest assez de A a Z

Réduire les manifestations de l’âgisme, un mot ou une expression à la fois

Shape 9 décembre 2022

À l’occasion de la Journée des droits de la personne, le Réseau des CCTT – Synchronex vous propose une réflexion sur un type de discrimination peu abordé : l’âgisme. Les manifestations de l’âgisme sont nombreuses, que ce soit envers les personnes aînées ou les jeunes. La discrimination fondée sur l’âge est aussi présente que celle envers les personnes handicapées, le racisme ou le sexisme, mais elle est discrète, voire invisible. Le CCEG, CCTT en gérontologie, a lancé il y a quelques semaines un ABCdaire qui s’intitule L’âgisme c’est assez! de A à Z.

Cet ouvrage a été réalisé par la chercheuse au CCEG, Andrée Sévigny, membre de l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l’Université Laval. Les illustratrices et conceptrices graphiques Émilie Dore et Sarah-Ève Tremblay y ont joué un rôle important en créant des images justes et humoristiques.

La lettre I dans le livre d'Andrée Sévigny
La lettre I dans le livre d'Andrée Sévigny

« Je m’intéresse à des aspects sociaux du vieillissement, notamment la participation sociale des personnes âgées et l’un des freins à la participation sociale, c’est l’âgisme. Aussi, moi aussi je vieillis et j’en vis des manifestations de l’âgisme. J’ai décidé de leur dire : C’est assez, ne m’appelez plus ‘ma petite madame’! » raconte la chercheuse Andrée Sévigny, en riant. Selon elle, l’âgisme est une forme de maltraitance.

Une quarantaine de personnes de différents âges, sexes et de différentes nationalités ont été consultées pour réaliser l’ABCdaire. « Elles m’ont dit comment elles voyaient l’âgisme, comment elles le définissent, si elles avaient été témoins de manifestations de l’âgisme et si elles avaient des solutions pour changer les choses ». À partir des réponses, la chercheuse a organisé le matériel dans l’ABCdaire. Chacune des 26 lettres de l’alphabet est un mot ou une expression qui se rapporte à l’âgisme. On peut lire des témoignages, des résultats de travaux de recherches et des pistes de solutions et d’actions associées à chaque expression.

L’objectif c’est que ces thèmes apportent des discussions. « Je peux ouvrir une page et chaque témoignage ou chacun des extraits peut amener une discussion », dit-elle. « La richesse c’est que ce sont des thèmes abordés par les gens consultés. C’est comme un cri du cœur, mais on n’aborde pas tout. On n’aborde pas la politique, on ne fait pas d’analyse des journaux, etc. ».

Le but de ce projet, souligne la chercheuse, était de sensibiliser les personnes qui étudient dans les établissements collégiaux à l’âgisme. C’est un outil pratique et accessible aux professeurs de niveau collégial, lorsqu’ils abordent la question de l’âgisme.

L’autrice fait appel à l’humour et à l’ironie pour alimenter l’imaginaire. « Il y a tellement de travail à faire, l’âgisme est tellement intégré dans le quotidien. Oui, il y a de l’humour dans l’ouvrage, mais ce n’est pas pour juger les gens. Si quelqu’un m’appelle ‘petite madame’, je ne vais pas la juger. Même une personne aînée pourrait dire cette expression », dit-elle.

Andrée Sévigny insiste sur l’importance de connaître, reconnaître et respecter la diversité des personnes aînées et des parcours de vieillissement. Ça suffit les guerres entre générations! « J’avais l’image du conducteur à chapeau et du conducteur à casquette. Les personnes plus âgées vont dire ‘Ces jeunes-là à casquette, ils ont la musique au bout et ne savent pas conduire!’ et les jeunes vont dire ‘Ils nous empêchent d’avancer, ils ne vont pas assez vite!’ Alors que dans le fond, les deux occasionnent des accidents. Ce n’est vraiment pas une question de génération. Si on s’entraidait davantage, si on acceptait la lenteur, ça ferait du bien », souligne Andrée Sévigny à titre d’exemple.

La lettre W dans le livre L'âgisme c'est assez! de A à Z.
La lettre W dans le livre L'âgisme c'est assez! de A à Z.

« Il n’y a rien comme l’entraide dans une société pour survivre. Ce sont les gens qui s’entraident le plus qui ont le plus de chance de passer à travers les coups durs de la vie. Dans la société, on a tendance à penser qu’il faut vivre indépendant des autres. Mais personne ne peut vivre seul. En général, on vit dans l’interdépendance et l’intergénérationnel et il faut l’alimenter. Ça fait partie des solutions pour diminuer l’âgisme », conclut la chercheuse.

Outre les populations étudiantes, le livre fait déjà écho ailleurs, notamment au sein des associations de personnes âgées désireuses de sensibiliser leurs membres et de dénoncer l’âgisme et ses manifestations.

L’ABCdaire est édité par le Centre d’expertise en gérontologie du Cégep de Drummondville, dans sa collection Collection participative | série pratique. Il a été financé en partie par le Programme structurant de partage et de renforcement de l’expertise des collèges et des cégeps canadiens en enseignement professionnel et technique dispensé en français du Réseau canadien des cégeps et collèges francophones du Canada (RCCFC) ainsi que par la Fondation pour les aînés et l’innovation sociale (FAIS).

Pour consulter le livre en ligne : https://issuu.com/villendo/docs/agisme_cceg_issuu/80

Pour en savoir plus sur le CCEG : https://reseaucctt.ca/centres/cceg

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