Transformation numérique: «Une boucle sans fin»
Cet article a été rédigé par les journalistes de La Presse et présenté dans le cahier XTRA du 28 septembre 2023.
Pour consulter l'article original : https://www.lapresse.ca/affair...
Auteur: Samuel Larochelle
Une boucle sans fin. Voilà comme Étienne Dansereau décrit le changement perpétuel dans lequel le monde entrepreneurial est plongé. Depuis six ans, il aide les organisations à trouver les solutions technologiques les plus appropriées, comme la robotisation, l’internet des objets et l’intelligence artificielle.
Quand il compare la situation actuelle avec celle prévalant à ses débuts, il note un changement de paradigmes. «Avant, il fallait convaincre un entrepreneur que l’automatisation allait l’aider à être plus productif, afin qu’il ose l’investissement en argent et en ressources», explique le coordonnateur en transformation numérique au réseau CCTT.
«Maintenant, en pleine crise de main-d’œuvre, le même outil numérique pourrait être la solution à ses problèmes», affirme Étienne Dansereau.
La crainte que l’arrivée des robots mène à d’importantes suppressions de postes est donc moins d’actualité. «Désormais, une entreprise ne perdra pas ses employés avec l’automatisation, elle va faire plus avec ce qu’elle a. C’est très important aux yeux du gouvernement d’augmenter la productivité et d’avoir un impact réel sur le tissu industriel.»
Pour y arriver, les professionnels comme lui doivent établir un solide lien de confiance avec les entrepreneurs.
«Tout dépend de comment ils vont montrer leurs cartes et nous dire ce qui se passe vraiment. De notre côté, on essaie de déceler certains enjeux sous-jacents et des éléments non exprimés. Ensuite, on propose des solutions selon le secteur d’activité et le territoire» – Étienne Dansereau, coordonnateur en transformation numérique au réseau CCTT.
Comme il touche à une multitude de technologies, les solutions sont très variées. Il y a l’option désormais classique de la robotisation ou du robot collaboratif. «Ça vient enlever le besoin d’une ressource humaine qui doit faire une tâche répétitive. Comme ces robots peuvent être implantés relativement facilement, sans un trop gros réaménagement d’usine, et qu’ils ne sont pas très dispendieux, c’est très accessible.»
On parle aussi de l’internet des objets industriels. Soit l’exploitation de données accumulées par différents systèmes, capteurs et machines afin d’obtenir une meilleure analyse de la productivité. «Par exemple, on peut recevoir une notification en temps réel quand il y a un bris d’équipement ou un arrêt de ligne.»
Et bien sûr, l’intelligence artificielle, qui amène les entreprises à un autre niveau. «On peut prendre d’énormes quantités de données pour faire des prédictions et prendre des décisions en temps réel, qui se basent sur un historique qui peut dater de très longtemps.»
Un petit côté «sauveur»
Parfois, Étienne Dansereau est perçu comme un sauveur. «Quand un entrepreneur nous expose un problème qui lui semble une montagne, parce qu’il n’a pas l’expertise dans le domaine, mais qu’on lui montre des solutions simples, alors qu’il se croyait dans un cul-de-sac, c’est vraiment beau à voir.»
D’autres fois, ses interlocuteurs sont sur leurs gardes. «Mais du moment où ils réalisent qu’on sait de quoi on parle, qu’on a de l’expertise et qu’ils comprennent ce qu’ils pourront obtenir en travaillant avec nous, ils sont rapidement en confiance.»
Son plus grand défi demeure celui de la vulgarisation des différentes technologies. « La robotisation est relativement connue, mais il y en a un paquet d’autres, comme la mécatronique ou l’optique pour faire du contrôle de qualité, qui sont totalement inconnues. Ça devient un défi de leur faire voir le potentiel. »
Dans tous les cas, les entrepreneurs qui ne sont pas encore montés à bord du bateau de la transformation numérique risquent de couler, selon lui. «Ce n’est pas une mode. C’est une boucle sans fin. On va en entendre parler encore beaucoup plus dans le futur.»