Les CCTT pour aider le développement des startups
Les CCTT (centres de transfert de technologie et de pratiques sociales novatrices) détiennent des atouts incontournables pour les entreprises, autant celles qui souhaitent améliorer leurs procédés et pratiques que celles qui sont en début de parcours. Les startups ont tout à gagner à collaborer avec les experts neutres et indépendants des CCTT, qui peuvent les aider à propulser leur entreprise plus loin. Discussion avec deux entrepreneurs qui ont utilisé les services de CCTT et tour d’horizon des programmes et partenaires disponibles.
Les 59 CCTT, situés partout au Québec, répondent présents à une très grande variété de projets. « C’est dans le cadre de mon cours de Conception mécatronique, à l’Université du Québec à Rimouski, qu’on a fait une visite chez Solutions Novika. C’est à ce moment que j’ai connu le Réseau des CCTT et que j'ai réalisé l'ampleur de l’expertise offerte par les CCTT. J’ai aussi vite compris l’intérêt de faire affaire avec eux quand on nous a parlé des leviers financiers et du transfert de la propriété intellectuelle », raconte Alexandre Boucher-Doddridge, ex-entrepreneur.
C’est quelques années plus tard, alors qu’il participait au démarrage de l’entreprise HerbiaEra, qu’il a repensé à faire appel aux expertises du Réseau des CCTT pour développer un nouveau substrat. « J'ai regardé autour de moi qui pouvait être les acteurs pour codévelopper le produit avec moi. Je me disais : “je pourrais peut-être aller vers une entreprise privée”, mais ça me semblait moins évident : il y a l'enjeu de propriété intellectuelle », souligne-t-il. Alexandre souhaitait conserver ses droits sur l’innovation. Il a donc rapidement conclu une entente avec le CCTT en développement de bioproduits, Biopterre pour l’aider à réaliser son projet.
J’aimais l’idée de collaborer avec des experts issus de la recherche publique. Je savais que le respect de la propriété intellectuelle allait être important pour eux et qu’ils m’ouvraient la porte a des leviers financiers accessibles. Je n’étais pas en mesure de tout financer le projet de ma poche.
« J’ai pu parler à un spécialiste qui lui, en quelques heures, a pu faire ce qui m'aurait pris 6 mois. C'est vraiment ça, une de leurs grandes force. Quand on est une startup, on n'a pas un expert dans tous les volets de notre entreprise. On ne peut pas tout connaître. Donc, de collaborer avec eux, ça m’a permis de “dérisquer” le volet technique, un élément majeur du démarrage de ma startup », explique Alexandre Boucher-Doddridge.
Les CCTT, c’est comme une extension du département de recherche et développement d’une entreprise.
Même son de cloche du côté de Grégory Hersant, copropriétaire de la startup Flaura, cuir végétal. « On fait un matériau qui s'apparente au cuir animal, mais qui ne contient aucun produit d'origine animale et qui est éthique du point de vue environnemental », explique-t-il. Le cuir est fait avec des matières renouvelables : il s’agit des résidus de l’industrie agroalimentaire, plus précisément des résidus de pommes. Grégory rapporte que l’incubateur d’entreprise avec lequel il travaille collabore déjà avec des CCTT. Pour sa part, son équipe et lui sont allés cogner à la porte du CCTT en technologies textiles, géosynthétiques et matériaux souples, Groupe CTT. Ils collaborent maintenant avec le chercheur Ahmad Ibrahim pour le développement de leur projet
Dans mon secteur, j'ai choisi le meilleur CCTT. Il a même plus d'expertise que les universités dans le domaine textile.
Les avantages pour les entreprises de travailler avec les CCTT
Alexandre Boucher-Doddridge croit que la collaboration d’une startup avec un CCTT lui apporte beaucoup de crédibilité, notamment lors de la demande d’aides financières. « Étant donné que les entreprises sont en contrôle de leur propriété intellectuelle, ça rend le processus ultra rapide et très agile. Aussi, les CCTT peuvent collaborer entre eux pour réaliser un projet s’ils ont besoin d’une autre expertise, c’est intéressant pour ça versus une entreprise privée », souligne-t-il.
Grégory Hersant souligne également la rapidité d’action des CCTT. « Les CCTT ont la capacité de répondre rapidement à des enjeux et d'arriver avec des solutions appliquées. Tu peux faire des projets courts dans le temps, ça, c'est intéressant. »
Grégory Hersant souligne également le fait que plusieurs CCTT sont excellents en prototypage et que, grâce à leurs équipements de pointe, ils peuvent propulser la startup plus loin dans son développement. « Ils peuvent donner des analyses certifiées et il y en a aussi qui font la mise à l'échelle des procédés. Ils sont en mesure de nous accompagner dans ces étapes, entre autres quand tu as un modèle en main et que tu souhaites maintenant le développer en plus grande taille », explique-t-il.
Les CCTT, c'est vraiment leur force de commercialiser les découvertes, les innovations, donc pour une startup c'est super. Je pense que ça accélère définitivement la mise en marché. - Grégory Hersant
Un autre avantage indéniable, selon Grégory Hersant, est le réseau de contacts des CCTT. « Ils ont des clients et ils peuvent te mettre en relation avec eux. Ce sont eux par la suite qui peuvent devenir des partenaires potentiels. Pour une entreprise, c'est vraiment génial », conclut-il.
Comment trouver une expertise pour sa startup?
Au Réseau des CCTT, une équipe-conseil en innovation établie partout au Québec accompagne les entreprises dans leurs projets. Avec le programme Mon succès numérique, les entreprises peuvent recevoir des subventions allant jusqu’à 22 500 $ par projet. « C'est ultra rapide comme programme, tu peux faire du concret, tu dérisques tes projets, tu as accès à l'expertise neutre. Tu avances rapidement avec des gains rapides », soutient Alexandre Boucher-Doddridge, qui a maintenant rejoint l’équipe du Réseau des CCTT à titre de conseiller en transformation numérique.
Un autre outil pertinent pour les startups est la visite interactive du CNRC-PARI. Une visite interactive offre aux entreprises éligibles 20 heures de collaboration avec un CCTT pour résoudre un défi d’innovation, qu’il soit technologique ou social tel que :
- L’amélioration ou le développement d’une technologie, d’un produit ou d’un procédé;
- L’aide à la productivité;
- Ou encore du dépannage technologique
L’importance d’un écosystème de l’innovation fort et de la collaboration
D’autres organismes et outils sont disponibles pour les startups et entreprises qui désirent se propulser vers l’avant. On peut notamment penser aux organismes accélérateurs et aux incubateurs, qui sont des endroits clés pour les personnes qui se lancent en affaires. Le Mouvement des accélérateurs d’innovation du Québec (MAIN) estime qu’en travaillant en réseau, les acteurs dont le métier est d’accompagner les startups peuvent décupler leur impact en 10 ans. La gestionnaire de programme – Appui à l’accélération, Tiamy Treguer, mentionne que l’organisme se veut additif et fédérateur au reste de l’écosystème de l’innovation.
« Les initiatives qu'on a, c'est vraiment parce qu’on s'est rendu compte de quelque chose qui manquait dans l'écosystème. Nos initiatives sont collaboratives, elles viennent s'appuyer sur les expertises des autres accélérateurs et incubateurs ».
L’organisation a notamment mis sur pied Momentum, un service qui offre du coaching aux entreprises en stade de croissance. Plusieurs initiatives dévoilées sous peu, qui sont soutenues par un financement du gouvernement fédéral sous le programme ÉleverlaPI, viseront à sensibiliser les start-ups aux enjeux de propriété intellectuelle. « Les entreprises sont capables de créer des technologies qui sont assez avancées. On peut déposer des brevets et en tirer de la valeur d'un point de vue économique pour le pays. Donc on veut sensibiliser les entreprises, les soutenir, développer des réflexes de PI », explique-t-elle.
C’est perturbant le nombre de chemins possibles pour les startups. Et est-ce que c'était le meilleur chemin à prendre? Ça, ce n’est pas sûr non plus. À MAIN, on est en train de réfléchir à ce qu'on appelle le continuum d'entreprise.
Selon Tiamy Treguer, les acteurs et actrices de l’écosystème de l’innovation auraient tout intérêt à collaborer davantage ensemble. « J'ai déjà vu une entreprise qui avait fait 7 accélérateurs, ce qui est énorme quand on y pense. Est-ce que d’accumuler autant d’experts puis d'entités différentes ça aide vraiment la start-up ou, au contraire, ça la ralentit parce que ça demande de l'énergie que de changer à chaque fois d'environnement? », se questionne-t-elle. L’objectif du continuum d’entreprise que MAIN veut développer serait donc de tracer le parcours d'une entreprise à travers tout l'écosystème de démarrage.
Avec la création d’un dossier d’entreprise, les organisations d’aide au développement pourraient suivre toutes les étapes et assurer un suivi entre les différents organismes au besoin. « On aurait intérêt [les acteurs de l’écosystème de l’innovation] à se parler beaucoup plus parce que nos centres d'expertise pour aider les start-ups pourraient vraiment se recouper », conclut Tiamy Treguer.
L’écosystème de l’innovation est donc vaste et les chemins sont nombreux pour démarrer une entreprise. Les CCTT sont des outils pertinents pour peaufiner les technologies et méthodes d’une startup. Les accélérateurs et incubateurs sont également de bons outils pour aider les nouvelles entreprises. Il est important de bien connaître les ressources pour pouvoir propulser son entreprise!
Pour en savoir plus sur MAIN : https://mainqc.com/
Pour trouver une expertise et joindre un CCTT : https://reseaucctt.ca/
D’autres ressources : https://conseilinnovation.quebec/ressources/