Peut-on se passer des plastiques dans l’emballage ?
Cet article a été rédigé par le Portail du réseau collégial dans le cadre de notre entente de partenariat.
Auteur : Alain Lallier
L'article a été mis à jour par Élise Thivierge.
Les emballages plastiques sont omniprésents !
Selon le directeur du CCTT en emballage et génie alimentaire ITEGA Bruno Ponsard, les emballages plastiques occupent une place très importante dans l’industrie alimentaire, et ce, pour plusieurs raisons. C’est une question de praticité pour les producteurs, transformateurs, détaillants agroalimentaires et une question de salubrité reliée à la conservation de la qualité des produits. « Quand on essaie d’avoir un regard très large sur l’empreinte environnementale, explique-t-il, il faut se questionner sur l’empreinte écologique de l’emballage et sur l’impact des pertes alimentaires. Il faut ainsi trouver le juste équilibre entre l’emballage alimentaire utilisé et l’environnement, de manière qu’il n’y ait pas de sous-emballage pouvant mettre en péril la conservation des produits et générer des pertes alimentaires ayant un coût environnemental important. Les plastiques, peu importe leur origine — pétrolière ou biosourcée— ont de grandes qualités qui expliquent l’importance de leur utilisation. Il n’en demeure pas moins qu’actuellement le secteur d’emballage de papier et de carton revient en force. De nouveaux développements permettent à des structures papier-carton d’aller chercher des propriétés barrières à l’oxygène et à l’humidité. Ces développements offrent des opportunités qu’on ne voyait pas auparavant pour certains aliments. »
Les emballages plastiques sont-ils vraiment recyclables ?
L’émergence des entreprises spécialisées dans le prêt-à-cuisiner offrant la livraison à domicile reconfigure les habitudes, mais aussi l’offre de produits auxquels les consommateurs sont exposés habituellement. Ces entreprises en pleine croissance font la promesse de n’utiliser que des emballages recyclables, mais les sont-ils vraiment ? Bruno Ponsard affirme qu’ils pourraient être recyclables en précisant cependant qu'il faut faire une distinction entre ce qui est recyclable et ce qui est recyclé. La différence est importante . « Je pense que notre maillon faible est en fin d’utilisation, en fin de vie. C’est notre capacité de traitement, de recyclage et de compostage de ces matériaux qui pose problème. Il existe là une faiblesse liée aux voies de sortie trop peu nombreuses pour être économiquement viable. Il faut également préciser que nous avons envoyé nos déchets en Asie en nous disant : « Si on ne les voit plus, c’est que ça doit être traité ». Actuellement, cette porte de sortie vers les marchés asiatiques se ferme. Cela nécessite donc la prise en charge de ces emballages de plastique, et donc, la création d’une nouvelle filière de recyclage et de valorisation de ces emballages. D’abord, nous avons certains défis quant au tri des différents plastiques et des différentes structures d’emballage dont nous disposons afin de pouvoir utiliser ces matériaux et les recycler. Il n’en demeure pas moins qu’en termes d’innovation nous avons des solutions qui se développent afin de pouvoir traiter chimiquement des matériaux comme des bouteilles d’eau (PET). Nous avons les technologies pour recycler le polystyrène (no.6), celui-ci est encore très utilisé dans le secteur agroalimentaire. Certaines entreprises spécialisées au Québec sont maintenant capables de traiter ces matériaux afin de pouvoir les recycler et en faire une réutilisation en emballages ou sous d’autres formes. En ce sens, nous constatons vraiment que de plus en plus d’efforts sont déployés pour migrer vers une économie circulaire. Autre filière qui est en pleine effervescence, celle-ci se trouve en amont de la chaine de production, c’est-à-dire à l’origine des matériaux servant à fabriquer l’emballage soit celles des matériaux d’emballage à partir de matières recyclées et de nouveaux matériaux d’origine biosourcée (bioemballages). Encore là, la circularité peut opérer, car l’origine même des matériaux servant à la fabrication de l’emballage est d’origine renouvelable (biosourcée) ou recyclée. Nous pouvons ainsi composter et recycler tous ces matériaux afin de générer moins de déchets et de diminuer les impacts environnementaux. »
« Je pense que notre maillon faible est en fin d’utilisation, en fin de vie »
- Bruno Ponsard
(...) Nous avons des défis se rapportant d’abord au tri des différents plastiques et des différentes structures d’emballage dont nous disposons afin de pouvoir utiliser ces matériaux et les recycler. Il n’en demeure pas moins qu’en termes d’innovation nous avons des solutions qui se développent afin de pouvoir traiter chimiquement des matériaux comme des bouteilles d’eau (PET). Nous avons les technologies pour recycler le polystyrène (no.6) qui est encore très utilisé dans l’alimentaire. Des entreprises au Québec sont capables de traiter ces matériaux afin de pouvoir les recycler et en faire une réutilisation en emballages ou autrement. Nous constatons vraiment que de plus en plus d’efforts vont vers une économie circulaire. En amont, pour les matériaux, il y a de plus en plus de matériaux d’emballage à partir de matières recyclées, de nouveaux matériaux qui sont d’origine biosourcée (bioemballages). Encore là, la circularité peut opérer. Nous pouvons ainsi composter et recycler tous ces matériaux et générer de ce fait moins de déchets et moins d’impacts environnementaux. »
« Nous constatons vraiment que de plus en plus d’efforts vont vers une économie circulaire »
- Bruno Ponsard
L'innovation répond à l'appel
Il y a de l’espoir du côté de l’innovation. Bruno Ponsard précise cependant que nous sommes ici dans le domaine de l’innovation qui requiert toujours un certain temps pour le développement, le transfert et l’adoption des innovations. « Dans un contexte d’urgence climatique, est-ce que ça doit aller plus vite ? Peut-être, mais si nous voulons bien faire les choses, il faut se donner un peu de temps. Je suis optimiste quand je vois de grands groupes alimentaires ou d’emballage s’engager réellement dans des voies d’innovation pour avoir des emballages complètement recyclables ou faits à partir de matières recyclées. Comme centre de recherche, nous le constatons. Nous sommes de plus en plus sollicités par les entreprises agroalimentaires et les entreprises d’emballage pour développer et pour optimiser des emballages dans une approche durable. »
« Je suis optimiste quand je vois de grands groupes alimentaires ou d’emballage s’engager réellement dans des voies d’innovation pour avoir des emballages complètement recyclables ou fait à partir de matières recyclées. »
- Bruno Ponsard
L’approche des clients a changé
En l’espace de 18 à 24 mois, le directeur constate que le centre a vraiment vu une différence dans l’approche de leurs clients. Autant dans l’industrie alimentaire que dans l’emballage. « Avant, nous parlions assez peu d’impact environnemental. Aujourd’hui, nous recevons au moins un appel par jour de nouvelles entreprises qui font appel au centre pour de nouvelles solutions d’emballage. L’ITEGA intervient dans le développement de matériaux et de concepts d’emballage qui ont moins d’impacts sur l’environnement. » L’intervention de ce centre, au sein d’un projet d’innovation, est souvent menée façon collaborative, comme par exemple la mise en contribution d’expertises provenant de deux centres de recherche qui travaillent en partenariat avec trois ou quatre entreprises qui ont le but commun de développer ensemble des solutions novatrices. Dans le domaine du développement de matériaux, le centre travaille à développer et optimiser des concepts d’emballage éco-conçus ainsi que des projets qui touchent le recyclage et le traitement de matériaux d’emballage pour les réintégrer dans la chaîne. Malgré la disparité des projets, la ligne directrice de l’ITEGA est d’avoir le moins d’impacts sur l’environnement possible.
Peut-on penser se passer du plastique ?
Bruno Ponsard pense que nous avons des solutions pour certains produits qui seront sans emballage et à plus forte raison sans emballage plastique. « Nous travaillons actuellement un projet sur des légumes emballés dans des pellicules rétractables. Nous expérimentons de nouvelles technologies qui permettent de conserver les légumes sans pellicule plastique, et ce, en concevant les mêmes performances de conservation. Ce sont des solutions technologiques très prometteuses et bientôt nous serons en mesure d’en faire le transfert technologique. Les modes de distribution des produits alimentaires dictent les types d’emballage nécessaire d’utiliser. Par exemple, la montée en popularité du vrac fait en sorte que nous voyons les emballages d’une tout autre façon. Est-ce que cela signifie que nous supprimerons tous les polymères ? J’aurais tendance à dire que non, mais nous serons en mesure d’utiliser mieux et de réutiliser ces polymères. Dès lors, certains matériaux plastiques polymères seront remplacés par du papier carton ayant les mêmes fonctionnalités. Quant aux plastiques, nous serons en mesure de les traiter adéquatement en fin de vie, de les recycler facilement et réaliser cette circularité. Nous sortons alors du linéaire où je produis, je consomme et je jette. Dorénavant, je produis de façon responsable, j’emballe de façon responsable et je suis en mesure recycler le plastique et d’en refaire un emballage. Les grands groupes alimentaires comme Nestlé affirment que d’ici 2025 ils utiliseront encore des plastiques qui seront cependant recyclés à 100 %. Ils pourront être fabriqués à partir de plastiques biosourcés. »
« Il existe des solutions qui nécessiteront, à moyen et long terme, des emballages différents et plus adaptés. »
- Bruno Ponsard
Une approche collaborative au sein du Réseau des centres collégiaux de transfert
L’ITEGA travaille avec plusieurs centres du Réseau des centres collégiaux de transfert (Synchronex). Par exemple, l’TEGA a fait plusieurs projets en collaboration avec Innofibre, centre d’innovation des produits cellulosiques situé à Trois-Rivières, où ils ont développé certaines innovations utilisées par l’industrie. Des collaborations existent également avec le Centre de technologie minérale et plasturgie (Coalia) à Thetford Mines, entre autres dans le recyclage du polystyrène, faisant ainsi appel une expertise de pointe. En plus de ces collaborations, l’ITEGA a travaillé avec le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) de Sorel-Tracy, pour un projet nécessitant son expertise dans la mise en place d’une approche au sein d’un projet partenarial. Le centre développe aussi des collaborations avec certaines universités, par exemple avec l’École polytechnique de Montréal, l’Université McGill et l’Université Laval qui œuvrent dans le domaine de l’alimentaire. « La recherche en emballage requiert de nombreuses expertises que nous n’avons pas toujours à l’interne. J’aime beaucoup travailler en complémentarité. Le Réseau des centres collégiaux de transfert nous permet de le faire et de bien servir les entreprises qui nous mandatent », ajoute Bruno Ponsard.
Une équipe aux expertises diverses intégrée au Collège
L’ITEGA compte sur une équipe de 13 personnes, entre autres des chercheurs, dont la plupart détiennent un doctorat. On y retrouve des expertes diverses : en bioalimentaire, en biomatériaux, des designers industriels en emballage, des techniciens en design industriel et en recherche appliquée. Sur certains projets, le centre intègre des enseignants du collège dans les programmes en lien avec l’alimentaire. S’ajoutent également des stagiaires du niveau collégial et quelques stagiaires universitaires. En terme organisationnel, le centre est intégré au Collège de Maisonneuve, ce qui signifie que son directeur relève directement de la directrice générale du collège. Le centre a de plus mis en place un conseil d’orientation composé de personnes représentatives du secteur desservi de manière à bien refléter les besoins des entreprises.
Visionnez la vidéo promotionnelle de l’ITEGA sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=GA40bvW5AQ8