Innovation des organisations pour le développement durable au Québec
Depuis quelques décennies, on entend davantage parler d’innovations et de développement durable. Gouvernement, entreprises et consommateurs sont conscients des changements climatiques et cela est devenu une variable importante dans la prise de décisions.
De nombreuses entreprises et organisations adoptent des politiques en la matière dans le but d’être plus écoresponsables, et de se distinguer par de bonnes pratiques. Dans cet article, vous pourrez en apprendre plus sur le concept de développement durable avec des exemples concrets d’applications dans des organisations québécoises.
Qu'est-ce qu'une innovation durable?
Une innovation durable déploie les objectifs du développement durable, c'est-à-dire qu'elle tient compte des dimensions économiques, sociales et environnementales dans ses objectifs à atteindre et dans leur mise en application.
L’innovation et le développement durable contribuent à une transition autant sociale qu’écologique. En effet, l’innovation est au service de l'urgence climatique ainsi que d’autres problématiques liées aux conditions de travail.
Quelle est la définition du développement durable et quels sont les objectifs du développement durable?
« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs », a dit Mme Gro Harlem Brundtland, Première Ministre de la Norvège.
Au Québec, le gouvernement a adapté la citation dans sa Loi sur le développement durable comme ceci: « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Le développement durable s’appuie sur une vision à long terme qui prend en compte le caractère indissociable des dimensions environnementales, sociales et économiques des activités de développement ». En outre, le développement durable vise à obtenir et à préserver un environnement naturel sain via des efforts collectifs.
L’Organisation des Nations unies (ONU) propose 17 objectifs de développement durable pour un avenir meilleur et plus durable. Ces objectifs touchent des défis mondiaux comme la pauvreté, les inégalités, le climat, la dégradation de l’environnement, la prospérité, la paix et la justice. L’ONU veut atteindre les cibles de chacun de ces objectifs d’ici 2030.
À noter : les organisations comme les CCTT (centres collégiaux de transfert de technologies et de pratiques sociales novatrices) souhaitent de plus en plus adhérer à ces principes. Le CCTT d'innovation sociale en développement durable, le CIRADD, a réalisé une démarche diagnostique basée sur les 16 principes de la Loi sur le développement durable et sur les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies pour la MRC Avignon, qui souhaitait l’intégration du concept dans ses politiques d’investissement et ses programmes de financement.
Quelles sont les critiques du développement durable?
Le terme développement durable est parfois considéré comme contradictoire. En effet, développement et durabilité sont-ils compatibles? Selon certains, non, si nous considérons le développement comme un outil de croissance infinie ayant comme objectif final la production illimitée de richesses entre les mains de certaines personnes.
D’autres disent oui, si le développement durable est considéré comme un outil permettant une évolution des pratiques vers une production et gestion des ressources responsables et accessibles à tous. Certains préfèrent utiliser les termes «transition écologique et sociale».
C'est dans ce contexte que les risques de Greenwashing (Écoblanchiment) existent aussi. Le Greenwashing est un comportement, ou des activités, ayant pour objectif de laisser croire qu’une compagnie en fait plus pour l’environnement qu’elle n’en fait réellement.
Livre blanc sur l’innovation durable
Le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable (CIRODD) a préparé un livre blanc sur l’innovation durable en 2021. Le document d’une trentaine de pages contextualise les solutions novatrices et durables, ses champs d’application et propose des chemins et des outils.
Pourquoi innover pour le développement durable?
Il existe de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi les organisations décident de lier l’innovation et le développement durable. Cela peut être pour améliorer leur impact environnemental ou social, se distinguer par ses bonnes pratiques, attirer la main-d’œuvre, etc.
Exemples d’adaptation des entreprises canadiennes aux changements sociaux et climatiques
L’Érablière Escuminac, située en Gaspésie, est accréditée carboneutre. L’entreprise a pris toutes les mesures pour réduire ses émissions de gaz carbonique et compenser celles qui n’ont pas pu être réduites. Pour obtenir cette certification, l’entreprise a notamment remplacé son évaporateur qui utilisait auparavant des granules de bois pour chauffer. Elle utilise maintenant la vapeur générée par l’évaporation de son eau d’érable comme énergie pour faire bouillir l’eau et la transformer en sirop d’érable.
Un autre exemple est celui de Maillon Vert. L’entreprise est spécialisée dans la mise en place de meilleures pratiques en développement durable au sein des organisations. Par exemple, un projet est en cours avec des pharmacies communautaires. Le CCTT d'innovation sociale en développement durable, CIRADD, accompagne d’ailleurs Maillon Vert dans l’élaboration d’un outil de suivi et d’évaluation.
Voilà deux exemples concrets qui nous montrent quelques applications durables parmi toutes les actions écologiques menées par des entreprises au Canada.
Le guide Innover pour le développement durable du Réseau entreprise et développement durable.
Le Réseau Eentreprise et développement durable propose un guide pour les dirigeants qui souhaitent entreprendre un virage dans le domaine du développement durable. Le guide pratique intitulé Innover pour le développement durable contient notamment un cadre en trois étapes pour évaluer la position actuelle de l’entreprise en développement durable. Il dévoile aussi 39 exemples de pratiques ainsi que des études de cas de petites et de grandes entreprises.
Les outils du développement durable
Les petites et moyennes entreprises peuvent jouer un rôle positif et en tirer des bénéfices. Plusieurs moyens peuvent être mis en place pour faire un pas dans cette direction. On peut penser à l’organisation d’événements écoresponsables, la mise en place de déplacements moins polluants, la pratique de l’éco-fiscalité, l’élaboration d’un plan d’action de développement durable ou la création d'un cadre de gestion environnementale par exemple.
Le développement durable pour la rétention de main-d’œuvre
Depuis quelques années, les entreprises sont en compétition pour attirer la main-d’œuvre. Certains innovent en utilisant la flexibilité de l’horaire et les avantages sociaux pour attirer de nouveaux collaborateurs ou retenir leurs employés.
Avec la pandémie, de nombreuses organisations se sont rendu compte que le télétravail était possible. Les employés y ont aussi pris goût. Surtout celles et ceux qui sauvent des heures dans le trafic! La conciliation travail-famille s’en est trouvée améliorée dans la plupart des cas.
Quelques exemples de bonnes pratiques :
Offrir des heures, payées par l’organisation, pour faire du sport (c’est notamment le cas au CIRADD, en Gaspésie)
Être une entreprise au fonctionnement flexible (horaires, possibilité de télétravail, vacances illimitées, etc.). Pour avoir un aperçu des entreprises flexibles et de leurs offres d’emploi, vous avez toujours la possibilité de vous rendre sur la plateforme dédiée Flow.
L’économie circulaire
L’économie circulaire est un système de production, d’échange et de consommation qui vise à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, dans une logique circulaire. Le tout, en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités.
Le CTTÉI (CCTT en écologie industrielle) regroupe d’ailleurs une variété d’exemples d’économies circulaires dans son troisième Recueil des synergies 2022. Cet outil se veut être un facilitateur pour transférer les connaissances en écologie industrielle et pour accélérer la croissance vers une économie circulaire. Des exemples de partout au Québec s’y retrouvent et sont regroupés dans trois catégories :
Synergies de matières : échanges de ressources matérielles, de résidus industriels
Synergies de ressources humaines : portent sur la main-d’œuvre
Synergies d’actifs : concernent le partage d’équipement
Les 3 axes de l’économie circulaire
Économie de partage, comme par exemple la plateforme communautaire AirBnB.
Économie de fonctionnalité, par exemple, une compagnie qui commercialise des pneus en vendant le service plutôt que les pneus, ou la compagnie de photocopieuse Xerox qui garde la propriété de ses machines tandis que le client va payer l’impression à la page.
Valorisation des résidus, qui permet de créer, par exemple, une économie verte avec le recyclage et la réutilisation de certains déchets.
Quelques exemples d’économies circulaires
La Ferme Bourdages, en Gaspésie, envoie des résidus de moût de fraises à son partenaire, la Microbrasserie Le Naufrageur, pour la fabrication d’une bière à la fraise
La Microbrasserie Le Naufrageur envoie des résidus de brassage à la Ferme Le groin dans le foin et pour l'alimentation des animaux
Des boîtes géantes de Prévost sont utilisées comme couverture de sol pour la coopérative Les Choux Gras dans la MRC de Bellechasse
Du polystyrène en provenance de l’entreprise Maison Laprise qui est revalorisé en panneaux isolants
Le réseau CCTT accompagne les PME dans leurs innovations durables
De nombreux CCTT adoptent des pratiques et des projets qui correspondent au concept de développement durable. La liste suivante est non exhaustive :
CTTÉI, CCTT en écologie industrielle
CIRADD, CCTT d'innovation sociale en développement durable
INOVEM, CCTT en ébénisterie et meubles
CERSÉ, CCTT en responsabilité sociale et écocitoyenneté
Écofaune boréale, CCTT en innovation écoresponsable du secteur cuir, fourrure et produits dérivés. C'est d’ailleurs dans cette optique que le chercheur Daniel Poisson a présenté un projet de tannage écoresponsable de peaux de phoques et de poissons. Il travaille également actuellement sur d’autres types de fourrure
Vestechpro, CCTT en habillement pour accompagner les entreprises dans le recyclage de vêtements
En conclusion, l’innovation et le développement durable prennent une place de plus en plus grande dans les organisations québécoises. Les CCTT peuvent accompagner et outiller les entreprises qui souhaitent initier des actions ou aller plus loin dans leur démarche de développement durable.
Pour en savoir plus, découvrez comment les CCTT s'organisent pour une société plus durable au Québec.