Tout ce que vous devez savoir sur le courtage en innovation et la valorisation des projets
Depuis le printemps 2022, le Réseau des CCTT a embauché une conseillère en valorisation – volet innovation sociale, Audrey Bigras, ainsi qu’un conseiller en valorisation – volet technologique, Nicolas Minvielle. Avec le coordonnateur au soutien à la recherche, Grégory Hersant, l’équipe sensibilise les CCTT aux enjeux de la valorisation de la recherche et travaille en étroite collaboration avec le groupe Axelys. Pour vous aider à mieux comprendre le rôle de courtier en innovation et la valorisation de la recherche, voici, sous format d’entrevue, les questions que nous leur avons adressées pour démystifier le tout et mieux comprendre cette pratique essentielle au développement de l’innovation au Québec.
Quel est le rôle d’une courtière ou un courtier d’innovation ?
- Sensibiliser les équipes de recherche aux bonnes pratiques permettant de transférer une innovation dans un milieu. Cette sensibilisation peut, par exemple, impliquer le développement de nouveaux outils ou encore servir à planifier des formations pour le transfert des connaissances.
- Participer au repérage des innovations dans les laboratoires et au sein des équipes de recherche des CCTT. Le courtier ou la courtière va documenter les déclarations d’innovation ou d’invention avec les chercheurs (euses) et assurer le lien avec Axelys, qui accompagne la suite les projets (étude technico-économique pour valider le potentiel de mise en marché, maturation de l’innovation, transfert dans une entreprise existante ou création d’une nouvelle organisation prête à accueillir et à commercialiser le nouveau produit ou procédé).
Définissez ce qu’est la valorisation de la recherche pour vous ?
Grégory Hersant : Pour moi, la valorisation consiste à amener une innovation incrémentale ou de rupture issue de la recherche vers un milieu preneur (entreprise, milieu communautaire ou autres entités). La valorisation de la recherche fait référence à l’ensemble des étapes nécessaires (processus) conduisant à ce transfert de l’innovation dans le milieu.
Audrey Bigras : On veut éviter que le rapport de recherche ne « dorme » dans un tiroir ou dans un dossier informatisé lorsque le projet est terminé. Cela peut passer par la prospection de nouveaux marchés ou créneaux qui pourraient bénéficier de ces résultats de recherche, la stratégie de protection de la propriété intellectuelle, le transfert des connaissances, la diffusion de la recherche et de ses résultats, etc.
Nicolas Minvielle : Il s’agit de chercher à mettre en valeur les résultats de recherche et les projets des CCTT. Nous souhaitons en optimiser la visibilité pour qu’ils aient un impact significatif pour la société québécoise, que le projet touche le plus grand nombre de personnes. On veut s’assurer que le projet développé sorte des murs du CCTT et du partenaire et ait un impact plus large. Par exemple, imaginons qu’un CCTT développe un bioprocédé pour créer une prothèse de genoux qui soit biocompatible aux patients. Si on décide de réaliser une analyse de marché, il se peut qu’on trouve que ce bioprocédé puisse servir pour une autre application, dans un autre secteur auquel nous n’aurions pas nécessairement pensé. Donc on vient trouver une nouvelle avenue de valoriser le projet pour qu’il ait encore plus de retombées en rejoignant encore plus d’utilisateurs.
Définissez ce qui distingue vos rôles respectifs, en technologie et en pratiques sociales novatrices ?
Grégory : Pour ma part, je soutiens l’équipe quant aux livrables en lien avec notre plan d’action, je siège au comité de valorisation du Réseau des CCTT et j’assure le lien avec Axelys via différents comités : entrepreneuriat scientifique, Boot Camp visant à former les courtiers(ères) et conseillers(ères) d’innovation d’Axelys, lien avec les directeurs régionaux, etc.
Nicolas : De mon côté, je suis en contact avec les 48 CCTT technologiques du Réseau. De plus, dans la valorisation des technologies, il y a un historique de façons de faire pour le milieu universitaire, mais les documents et les procédures ne sont pas nécessairement adaptés pour la recherche appliquée. Mon travail consiste donc aussi à faire les ajustements nécessaires pour que ce soit représentatif de notre milieu.
Audrey : Finalement, c’est moi qui suis en contact avec les 11 CCTT en pratiques sociales novatrices du Réseau. En valorisation technologique, cela passe beaucoup par des brevets alors que c’est le droit d’auteur qui est davantage utilisé en innovation sociale. Outre le droit d’auteur, la valorisation des résultats de recherche en innovation sociale peut aussi passer par les stratégies de transfert de connaissances ou de diffusion de la recherche. On parlera alors de l’organisation d’événement institutionnel ou grand public, de conception d’outils. On peut aussi parler d’adoption d’une innovation sociale à plus grande échelle : est-ce qu’une innovation qui a été développée par un CCTT, en collaboration avec un organisme communautaire local, pourrait également être utilisée dans d’autres milieux tels que municipal, institutionnel, en éducation ou santé et services sociaux par exemple. Il y a aussi des possibilités de regroupements d’organisations à l’échelle provinciale.
Le rôle est plus méconnu au collégial qu’au niveau universitaire. Expliquez quels sont les avantages de valoriser la recherche pour la recherche appliquée des CCTT ?
Grégory : Les CCTT disposent de quelques innovations orphelines, c’est-à-dire des innovations qui ne sont pas liées à un partenaire industriel ou autre. Ces innovations pourraient être valorisées si elles ont un potentiel d’impact économique et qu’elles viennent répondre à un besoin. D’autre part, les CCTT, par leur expertise en transfert des innovations via la recherche appliquée et leur position privilégiée dans l’écosystème de l’innovation, pourraient contribuer à accélérer le transfert des innovations universitaires.
Audrey : Les CCTT travaillent déjà directement en collaboration avec des entreprises, des organisations ou des milieux preneurs dans le cadre de projets de recherche et de développement. Ils sont donc les mieux placés à cet égard dans l’écosystème de la recherche et de l’innovation. Leurs travaux ont déjà un impact concret et la valorisation permet de dupliquer cet impact dans d’autres milieux qui pourraient avoir des besoins similaires.
Nicolas : Cela permet aussi de valoriser l’expertise et le savoir-faire des équipes et accroître la notoriété du CCTT sur tout le territoire, ainsi que d’optimiser le financement reçu pour le projet.
Expliquez-nous la valeur ajoutée de faire appel à un ou à une courtière en innovation?
Grégory Hersant : Les courtiers(ères) ou conseillers(ères) vont soutenir les CCTT dans les premières étapes de la valorisation et seront présents et impliqués tout au long du processus. Ça crée un lien solide et ça permet d’avoir un point de contact privilégié.
Audrey Bigras : Le domaine de la recherche demande non seulement la mobilisation de beaucoup de rigueur, de ressources humaines et financières mais aussi une grande part travail d’équipe. Faire appel à un(e) courtier(e) d’innovation permet de faire fructifier ses efforts et maximiser l’impact de ses résultats ou innovations. Ça permet d’en faire bénéficier encore plus de milieux et, éventuellement, faciliter le développement de nouveaux projets ou d’affaires avec le milieu. C’est gagnant pour tout le monde!
Nicolas : Nous allons discuter du potentiel du projet à valoriser, aider à comprendre le processus d’accompagnement d’Axelys, accompagner le CCTT dans la rédaction des documents lors d’appels à projets également. Nous sommes vraiment là pour les aider à décloisonner leurs projets de recherche. Et tout ceci s’inscrit dans le but ultime de favoriser le développement économique du Québec et du Canada.
Pour joindre le conseiller en valorisation des innovations technologiques, Nicolas Minvielle : nicolas@reseaucctt.ca
Pour joindre la conseillère en valorisation des innovations sociales, Audrey Bigras : audrey@reseaucctt.ca